L’acteur Khalil Koné crie sa douleur : On se pose la question… Être acteur, est-ce un métier en Côte d’Ivoire ?

L’acteur Khalil Koné crie sa douleur : On se pose la question… Être acteur, est-ce un métier en Côte d’Ivoire ?

Il y a des cris qu’on n’entend pas, des larmes qu’on ne voit pas, des talents qu’on enterre vivants. Et aujourd’hui, c’est la voix tremblante mais courageuse de Khalil Koné qui brise le silence. Un acteur ivoirien, un artiste complet, un passionné de cinéma qui a tout donné… pour ne rien recevoir.

"Le 27 septembre 2014, j’étais sur l’affiche du film Amissa, je jouais l’archange. Un second rôle, oui, mais une grande fierté. C’était ma première fois, ma chance, merci à Hyacinthe Hounsou."

Ce jour-là, Khalil se voyait déjà grimper les échelons, convaincre par son jeu, sa justesse, sa capacité à se fondre dans tous les rôles. Et pourtant, dix années se sont écoulées, dix longues années à attendre une seconde chance… en vain.

"Depuis, plus rien."
Pas un appel. Pas une audition. Pas même un rôle de figurant. Et ce, malgré sa collaboration avec plusieurs réalisateurs et producteurs influents de Côte d’Ivoire. Koné a tout essayé, accepté des rôles non rémunérés, tourné des pilotes, soutenu des projets avec foi et énergie, espérant simplement qu’un jour, on se souviendrait de lui.

Mais ce jour n’est jamais arrivé.

"J’ai tourné avec BONUS Multimedia, sans rien demander. Aujourd’hui, Sabine Appia me tourne le dos. Alex Ogou m’a remplacé dans Top Radio après le pilote. Andy Melo m’a fait bosser sans salaire pour ensuite me rayer de ses projets. Hervé Franck Vlehi… il ne me connaît plus. Et Olivier Koné, malgré nos années d’échanges, jamais un rôle."

Son témoignage fait froid dans le dos. Il ne balance pas. Il raconte. Avec douleur. Avec dignité.

Le cinéma ivoirien semble avoir oublié un de ses propres enfants. Un artiste de l’ombre, abandonné dans un silence pesant. Un homme qui, aujourd’hui, n’a plus rien. Ni projets. Ni voiture. Ni amour. Ni même un toit stable.

"Je suis en galère. Loyer impayé. Voiture en panne depuis six mois. Célibataire. Mais je dis merci à Empereur Ib, Boni Assié, Chantal Reine Kadjo… Les rares à m’avoir tendu la main."

Ce cri n’est pas une plainte. C’est un appel à la reconnaissance. Un appel à la justice artistique. Un SOS lancé à Françoise Remarck, ministre de la Culture :
"Trouvez de l’argent pour mes loyers et ma voiture. Aidez-moi à continuer de croire que ce métier a un avenir ici, en Côte d’Ivoire."

Aujourd’hui, Khalil Koné pose une question que beaucoup d’acteurs se posent en silence :
Est-ce qu’être acteur est un vrai métier dans ce pays ? Ou est-ce qu’on rêve pour rien ?

Son cri est celui de toute une génération d’artistes invisibles. Son histoire est celle d’un homme brisé mais pas vaincu. D’un homme qui, malgré tout, continue d’y croire.

À ceux qui l’ont ignoré, qui l’ont utilisé, qui l’ont rayé de leur carnet de contacts…
Le public, lui, commence à entendre son nom. À ressentir son émotion. À s’indigner pour lui.

Et peut-être que cette fois… quelqu’un écoutera enfin.