Johanna Boyer-Dilolo : De la fascination à la réalité, l'histoire d'un rêve cinématographique africain

Le nom de Johanna Boyer-Dilolo résonne de plus en plus fort dans le paysage audiovisuel africain. Scénariste et réalisatrice ivoirienne, elle a récemment été honorée au FESPACO 2025, remportant le 2ᵉ prix Série TV pour son œuvre poignante, Or Blanc. Un accomplissement qui marque une étape importante dans un parcours passionnant.
"Mon grand-père était un excellent conteur. À son contact, j'ai su très jeune que je voulais raconter des histoires", confie Johanna Boyer-Dilolo. Cette vocation précoce a été renforcée par la découverte du cinéma muet, une révélation qui l'a orientée vers le médium de l'image. Soutenue par ses parents, elle a suivi une formation cinématographique à Paris, puis a co-fondé un collectif pour mutualiser les ressources et les compétences. C'est ainsi que ses premiers films ont vu le jour, pavant la voie vers la reconnaissance.
La série Or Blanc s'attaque à un sujet délicat : le traitement réservé aux personnes atteintes d'albinisme en Afrique. Johanna Boyer-Dilolo explique : "Depuis mon enfance, j'ai observé que les personnes atteintes d'albinisme sont à la fois des objets de fascination et de crainte. Le fait qu'on les traque, qu'on leur prête des pouvoirs mystiques et qu'on souhaite parfois les utiliser pour des sacrifices rituels nous a profondément interrogés, mon co-scénariste et moi, sur le rapport ambigu que nous, Africains, entretenons avec l'occulte." Or Blanc se veut donc une invitation à écouter les histoires de ces personnes, à dépasser les rumeurs et les préjugés.
Le prix remporté au FESPACO est bien plus qu'une simple récompense. C'est la concrétisation d'un rêve d'enfant : "Quand tu grandis en Côte d’Ivoire dans les années 90 et que tu rêves de faire du cinéma, le Graal, c’est le FESPACO ! Avoir ma série dans la sélection était déjà un accomplissement incroyable, et être là était déjà une victoire en soi. Repartir avec un prix était au-delà de mes espérances. Vous ne pouvez pas savoir combien je suis fière et heureuse."
Forte de ce succès, Johanna Boyer-Dilolo se tourne vers l'avenir avec ambition. Elle travaille actuellement sur l'écriture de son premier long-métrage, un format qu'elle juge essentiel pour le cinéma ivoirien. Elle entrevoit un avenir prometteur pour les séries africaines, soulignant la qualité des histoires et des productions présentées au FESPACO. Le principal défi reste le financement : "À nous de nous soutenir et de nous pousser les uns les autres vers le haut pour devenir encore meilleurs et rehausser encore plus le niveau de nos séries et films. N’oublions pas les longs-métrages et ne délaissons pas nos salles de cinéma."
Johanna Boyer-Dilolo incarne une nouvelle génération de cinéastes africains, passionnés, engagés et déterminés à faire rayonner leurs histoires sur la scène internationale. Son parcours, de la fascination pour les contes d'enfance à la réalité d'une œuvre primée, est une source d'inspiration pour tous ceux qui rêvent de cinéma en Afrique.