Bal à San Pedro » : Quand l’amour renaît des cendres du deuil

Bal à San Pedro » : Quand l’amour renaît des cendres du deuil

Connue pour ses récits engagés autour des droits des femmes, la réalisatrice ivoirienne Didine Yebarth surprend aujourd’hui avec un pari audacieux : son premier film d’amour. Bal à San Pedro n’est pas une simple histoire romantique. C’est une plongée dans la douleur de la perte, dans le silence du deuil, pour finalement révéler l’amour comme force de renaissance.

« Ce qui m’a motivée à écrire Bal à San Pedro, c’est avant tout l’amour », confie-t-elle avec simplicité. Dans ses mots résonne une volonté d’apporter une lumière à celles et ceux qui restent prisonniers du passé après la disparition d’un être cher. Elle parle d’un film « d’amour, de mort, mais aussi d’amour après la mort », rappelant que même dans l’ombre la plus profonde, une lueur peut renaître.

Le décor choisi n’est pas neutre. San Pedro, sa ville, devient le cœur battant du film. Tourné entre San Pedro et Sassandra, Bal à San Pedro met en avant plages, paysages et atmosphère unique, comme une déclaration d’amour à cette terre. Depuis 2016, Hope Production s’est donnée pour mission de promouvoir la région à travers le cinéma, et ce long-métrage en est une nouvelle illustration.

Derrière la beauté des images, l’aventure n’a pas été sans obstacles. Hope Production, jeune structure, a dû composer avec des contraintes financières et matérielles. Mais la solidarité a fait la différence. Le cinéaste Guelaté Casimir, « comme un vrai protecteur », a mis son matériel à disposition. Le producteur Hervé Dady, quant à lui, a cru au projet dès le départ. « Oui, ce fut difficile, mais la passion et le soutien de ces belles personnes nous ont permis d’aller jusqu’au bout », témoigne la réalisatrice.

Au-delà des difficultés, c’est surtout l’esprit familial du tournage qui reste gravé. Les techniciens et acteurs lui ont organisé un anniversaire surprise, preuve d’un lien fort né autour du projet. Mais le souvenir le plus marquant demeure celui de Steve Jr Assiélou, l’ami qui l’a encouragée à écrire ce film avant de disparaître brutalement. « Aujourd’hui, je garde ce film comme son au-revoir, un signe d’adieu », confie-t-elle, émue.

Alors que l’avant-première de Bal à San Pedro est annoncée pour les 10 et 11 octobre 2025 au Centre Culturel de San Pedro, la réalisatrice ne compte pas s’arrêter là. Trois nouveaux projets sont déjà en préparation : 1617 km pour trouver l’amour, Même le soleil saigne et Sur les rives du fleuve Sassandra.

Avant de tourner la page, elle prend soin de remercier celles et ceux qui l’ont accompagnée : Anita Zézé, Albéric Ayé Beugré, John Palmer, Dablé Germain, Komenan Maëva Marie-France, Estella, ses sœurs, sa mère, son père spirituel Franck Guèye, et enfin « Jésus-Christ, son Père ».

Avec Bal à San Pedro, l’amour s’impose comme une réponse au deuil et un souffle d’espérance. Une œuvre intime et universelle qui inscrit la renaissance au cœur du cinéma ivoirien.