L’Afrique avance hors compétition, au Festival de Cannes 2022

L’Afrique avance hors compétition, au Festival de Cannes 2022

Quelle est la place de l’Afrique au Festival de Cannes 2022 ? L’absence de réalisateur africain en lice pour la Palme d’or ne doit pas nous faire perdre de vue que l'Afrique reste très présente dans la sélection officielle de cette 75e édition, et au-delà.

En 2019 la Franco-Sénégalaise Mati Diop a remporté le Grand Prix pour Atlantique. En 2020, l’Égyptien Sameh Alaa a décroché la Palme d’or pour son court métrage I am afraid to forget your face. Et en 2021, Haut et fort du Marocain Nabil Ayouch et Lingui du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun étaient en lice pour la Palme d’or. Cette année aucun film africain n’a été sélectionné en compétition au plus grand rendez-vous du cinéma au monde.

En revanche, l’Afrique reste omniprésente dans les sujets traités, en lien avec le monde africain : on y parle de l’intégration, du poids de la religion, du défi de la réconciliation après une guerre, de l’identité sexuelle, du combat pour la dignité, mais aussi de l’histoire du cinéma africain.

Les premières images mises en valeur sur grand écran au Festival de Cannes 2022 venaient de l’Afrique. Quelques heures avant l’ouverture officielle de la 75e édition, le premier film projeté mardi 17 mai pour la presse s’appelait For the Sake of Peace (Au nom de la paix). Ce documentaire, programmé en séance spéciale dans la sélection officielle, raconte une histoire percutante et poignante au Soudan du Sud, pays rarement visible au

cinéma.

Forest Whitaker, ambassadeur pour la paix en Afrique

On y fait connaissance avec Nandege, jeune mère traumatisée par la guerre, qui a dédié sa vie à sa nouvelle mission : devenir médiatrice de la paix dans son pays troublé par la violence et la guerre. 350 000 personnes ont été tuées depuis 2011, l’année de l’indépendance du plus jeune État de la planète. Avec des mots simples, mais pleins d’empathie et d’espoir, Nandege réussit à réconcilier deux petites communautés d’éleveurs de bétail, des ennemis jurés depuis des générations. Pour pouvoir payer la dote pour les mariages, chaque tribu vole le bétail de l’autre, et, si nécessaire, tue aussi les hommes, les femmes et les enfants de l’autre camp. Résultat : les fusils d’assauts sont presque aussi nombreux que les vaches, et l’école et la paix sont devenues des mots étrangers. Malgré son apparence fragile, Nandege convainc les deux chefs des communautés à se repentir et à s’embrasser devant leurs communautés réunies lors des pourparlers de paix. Pas facile quand on entend l’un des leaders dire qu’il a tué ces derniers quatre ans mille personnes dont beaucoup membres de la tribu de l’autre côté de la vallée de Kidepo…