Missa NDRI « Je dormais dans la rue »

Missa NDRI « Je dormais dans la rue  »

Dompter l’art dans tous ses états est l’apanage des férus d’actorat. Missa NDRI est un rescapé de la rue en progrès continu. Déconnecté du site « Brouteurs.com » et à l’abri des « microbes Invisibles»,  il nous accorde une interview aussi agrémentée qu’un panier d’« Oranges sucrées ».

Vous avez la chance d’avoir travaillé avec deux des meilleurs réalisateurs cinématographiques du pays, à savoir Alain GUIKOU, à travers « Brouteurs.com » et Alex OGOU via « Oranges sucrées ».

Quel est celui auprès de qui vous avez le plus appris ?

Rectificatif réalisateur de série télé.

Pour moi toute expérience est toujours un acquis. Alex, je le connais depuis son arrivée à Abidjan qui s’est faite en 2016, quand  il travaillait pour le compte de «TSK studio ». Un jour, alors que nous quittions le terminus 81-82, après une journée de tournage de caméra cachée, Alex et moi, dans un taxi, discutons de tout et de rien et je lui raconte l’histoire d’un petit microbe et il l’a enregistré avec son téléphone et en a fait une série "Invisible" dans laquelle j’ai joué le rôle de «Samy le fou» et le tout dernier projet  « Orange sucrées »produit par LIKASA production. J’ai été proposé par Cissé Vadiesse, directeur casting,sur le projet et après une audition avec d’autres jeunes talents, j’ai été retenu, pour le rôle de «Fifi». Merci à Cissé Vadiesse !

Quant à M. Alain Guikou, j’ai participé au casting de la saison 2 de « Brouteur.com » et il a été séduit par ma performance : << Je prends du plaisir à te regarder jouer ; ton profil ne correspond pas au personnage mais je te mets dans ma série, pour le rôle de « Sorry ». C’est ainsi qu’il avait salué mon jeu d’acteur. En retour, je l‘ai remercié et continue de le faire, pour la confiance.

Laquelle de ces deux séries vous a le plus émancipé ?

J’avais déjà une voiture quand je travaillais sur "Orange sucrées" ; cela, grâce à d’autres projets comme Desrances de Apauline Traoré pour ne citer que cette production mais j’ai été très bien payé sur «Orange sucrées ».

À ce jour, quel est le parcours et quels sont les acquis de « Original Culture » ?

J’avais une précision dans mon orientation artistique. Je me rendais compte de qui j’étais, en tant qu’artiste, je faisais moi-même,  une description judicieuse de ma personnalité artistique. Merci à toi, Daly Fulgence de m’avoir permis de rencontrer «Katy» de "Original culture " !

 

Sur quoi a porté la formation que vous avez dispensée aux apprenants de « Créastorm » ?

Elle a porté sur la création de contenu audiovisuel et cinéma.

 

Formateur à « Créastorm », comment assurez-vous leur suivi et avez-vous, plus tard, été associé à un projet réel élaboré par l’un de ces apprenants ?

«Créastorm» est une idée de LIKASA production que je salue pour tout ce que cette maison fait pour la Jeunesse ivoirienne en matière de formation et d’insertion.

Au cœur des ateliers «Créastorm », nous apprenons aux jeunes les bases de création audiovisuelle et comment faire le pitch de son projet. Qui plus est, étant coach, j’ai tenu à apporter mon aide, en jouant dans le cour-métrage que mes étudiants ont réalisé, après la formation. Bravo à vous, jeunes du «Créatorm » !

 

Vous avez étudié la comptabilité. Alors, pourquoi, hormis votre passion artistique, avoir privilégié, un temps soi peu, la musique plutôt que de faire valoir votre savoir en termes de chiffres ?

Après mon BTS en comptabilité, je ne sais vraiment pas comment je me suis retrouvée aujourd’hui  artiste. J’ai un penchant pour la musique, alors, après mon Bac, mon grand frère, Robert à qui je dis un grand merci, m’a offert une guitare puisque j’aime cet instrument. Alors, je me suis mis à la guitare, étant encore étudiant, sans penser devenir artiste. J’ai eu pas mal de difficultés car après le décès de mon père, je me retrouve à la rue. Je dormais dans les rues de San Pedro et c’est dans la rue que j’ai obtenu mon Bac. Orienté directement à Abidjan, au «CBCG », pour faire de la comptabilité, un matin, alors que me baladais,  je suis arrivé au palais de la culture et comme par hasard, à la réception, l’un des étudiants de SIDIKI BAKABA du nom de «Bayé bayé» me demande si je suis venu m’inscrire pour le test d’entrée à «l’Actor studio de SIDIKI BAKABA ». Sans réfléchir,  j’ai dit « oui » et je suis allé chercher les documents étant donné que l’inscription était gratuite. Après le test, sur 500 postulants, nous sommes restés 25 c’est là que tout est parti. J’ai oublié les math car j’avais trouvé ma voie : devenir Artiste.

 

Par votre art, vous promouvez l’émancipation et l’indépendance sociale des femmes.Est-ce votre féminisme qui justifie le titre « Jolie » dont vous êtes l'auteur ?

Je ne suis pas féministe. Je n’ai pas connu ma mère. Elle m’a abandonné dans les bras de mon père, depuis l’âge de 4 ans. Pour moi, chanter une femme est une thérapie pour me permettre de guérir de la douleur de l’abandon de ma mère.

Cette sortie musicale n'a pas pour autant fait de vous, un artiste-chanteur de renom.Pensez-vous avoir fait un amalgame entre votre idéologie sociale et vos capacités musicales ?

J’avais organisé un concert, sans avoir sorti d’album ; juste la publicité sur «Facebook » et j’ai réussi à faire le plein d’une salle de 150 places. C’est ainsi que Kara, propriétaire de «TSK studio» qui était à venu à ce concert est tombé sous le charme de ma musique et s’est proposé de me produire. Alors le dossier est confié à Alex, directeur de TSK studio à cette époque.

Alex et moi c’était bien parti du moins c’est ce que je croyais, j’avais sorti le titre jolie que j’avais proposé dans une séquence dans le film plagiat réalisé par Honoré N’zue.  

Alex nous demande de lui proposer un réalisateur de clip j’ai toute suite pensée à Marina Niava et mon manageur Lago Woroka avons pris contact avec elle et le clip a vu le jour. Dans l’attente d’une signature avec TSK studio, nous avons arrêté de chanter et d’organiser d’autres spectacles le temps juste que les choses se clarifient avec TSK studio.

 Un Matin de décembre 2016-2017 alors que nous partageons le repas chez Kara le propriétaire de TSK Alex nous annonce que TSK studio signe avec nous pour la production de mon album. Malheureusement cette joie ne fut que de courte durée car les mois qui ont suivi la sortie du clip, aucune promotion n’a été faite et pour des raisons que j’ignore, la collaboration avec TSK s’arrête. Alex quitte TSK pour créer  son entreprise ... Karadevait tout reprendre à TSK. Alors le projet de production musicale s’arrête.

 

Il semble qu’il y a quelques années, vous êtes longtemps resté sans producteur et sans opportunités artistiques. A cela s’ajouterait la piraterie de vos œuvres. Avez-vous réellement connu cette traversée du désert ?

Si oui, Comment cela a-t-il été possible avec tous les contacts que vous avez dans le milieu artistique ?

La traversée du désert, je l’ai connue depuis l’âge de 15 ans. Après le décès de mon père,  je me suis retrouvé à la rue. Deux ans plus tard et comme je vous le disais plus haut, c’est étant dans la rue que j’ai eu mon BAC donc et croyez-moi, c’est la jungle. Etre livré à soi-même est une pénitence sans lois ni règles. Mais grâce au seigneur Jésus-Christ,aujourd’hui j’ai un toit, deux voitures je suis entrain construire ma maison.

 

Vos œuvres ont-elles déjà fait l’objet de piraterie ? Si oui, précisez-les !

Non ! J’ai déjà enregistré mes chansons que j’ai envoyées à une productrice, en France, sans rien signer. Toutefois, j’espère que le son ne sera pas piraté (il rit).

 

Sur votre page Facebook, en Janvier dernier, vous avez fait la déclaration suivante : « 90% des femmes, sur notre continent sont pauvres et viennent d'une famille misérable. Alors, pour vivre et fait vivre sa famille, se plier est une évidence ». Sous-entendez-vous que l'Afrique est l’épicentre de la prostitution ?

C’est quoi la prostitution ? Non !  Se plier, pour moi, c’est faire profil bas. Souvent,  elles sont maltraitées par les hommes mais préfèrent rester pour ne pas mourir de faim et aussi pour leurs enfants. La vie n’est pas du tout facile pour elle dans la rue j’en ai croisé. Pour moi la prostitution n’existe pas les jeunes filles font du mieux qu’elles peuvent pour suivre dans un monde de misère les

À votre niveau, pourquoi ne pas offrir des formations cinématographiques à ces jeunes filles démunies, pour combattre la prostitution ?

C’est l’une des missions de l’association des jeunes cinéastes ivoiriens dont je suis le Président fondateur.

Quel est votre regard sur les actions gouvernementales en ce sens, concernant la CI ?

Nos gouvernements doivent arrêter de faire la guerre à leurs peuples ; c’est tout.

 

                                                                                                                      Jean-Cyrille OUATTARA