Revitalisation et Développement de l'Industrie Cinématographique à Zanzibar : Le ZIFF et l’Engagement d'Idris Elba
Le Festival du Film de Zanzibar (ZIFF) de cette année a mis l'accent sur le thème du « Rajeunissement », soulignant l'importance de revitaliser à la fois l'événement et l'ensemble du secteur cinématographique local. Un message fort a été porté par le nouveau directeur général du ZIFF, Joseph Mwale, qui a souligné la nécessité de maintenir l'élan de renommée mondiale du festival. Selon lui, « Le ZIFF n'est pas seulement un événement ; c'est une bouée de sauvetage pour notre gouvernement, notre société et chaque individu qui chérit les arts. »
Ce message souligne l'importance stratégique de cet événement culturel pour la Tanzanie, et en particulier pour l'industrie créative locale. Le ZIFF, qui attire chaque année des talents et des cinéphiles du monde entier, est plus qu'un simple festival : il incarne un symbole de l'aspiration du pays à renforcer son rôle dans le paysage cinématographique international. Joseph Mwale a exhorté à la fois les autorités et le public à soutenir la revitalisation du festival, afin de renforcer encore sa stature mondiale.
Un autre événement marquant dans l'industrie cinématographique de la région est l'annonce par l'acteur britannique Idris Elba de la création d'un nouveau studio de cinéma à Zanzibar. Ce projet, porté par l'acteur, devrait contribuer à doter l'île de nouvelles infrastructures cinématographiques modernes et renforcer la position de la Tanzanie dans l’industrie créative africaine.
Idris Elba ne s’arrête pas à Zanzibar. Dans le cadre d’une vision plus large, il a également annoncé la construction de studios de cinéma écologiques à Sherbo Island City, en Sierra Leone, un projet qui s’inscrit dans une initiative de développement durable. De plus, il est en pourparlers avec les autorités ghanéennes pour construire des installations cinématographiques à Accra, la capitale du Ghana. Selon Elba, cette initiative s’inscrit dans un objectif plus vaste : remettre en question les récits coloniaux qui ont longtemps dominé la représentation de l'Afrique dans les médias occidentaux.
Dans une interview accordée à la BBC, Elba a affirmé : « Avec les bonnes ressources et les bonnes infrastructures, les cinéastes africains peuvent remettre en question les récits coloniaux sur le continent proposés par les médias occidentaux… Il s'agit d'être autonome. » Ces déclarations soulignent l’importance de l’autosuffisance pour les créateurs africains et l’urgence de créer un environnement propice à leur expression libre et authentique.
Les autorités tanzaniennes, tout en saluant les progrès réalisés par ces projets, ont également élargi leur horizon avec des partenariats internationaux. Dans une stratégie visant à renforcer les liens diplomatiques et économiques avec la Corée du Sud, les responsables tanzaniens ont exploré des opportunités dans l’industrie cinématographique, notamment des programmes de formation, des échanges culturels, des plateformes de streaming internationales, ainsi que des circuits de festivals de cinéma et du marketing viral. Ces initiatives sont vues comme un moyen de donner un coup de pouce supplémentaire à l'industrie locale, tout en tirant profit des expériences réussies de la Corée du Sud, leader mondial dans l'exportation de contenu audiovisuel.
Cependant, bien que ces initiatives internationales soient saluées pour leur potentiel de développement, certains créateurs locaux se montrent plus réservés. Plusieurs ont exprimé leurs inquiétudes concernant la propriété et l'intégrité des récits culturels tanzaniens. « Bien que les partenariats internationaux soient précieux, nous devons nous assurer que nos histoires et nos voix sont valorisées et représentées », ont-ils souligné. Ce point de vue souligne la nécessité de trouver un équilibre entre l’ouverture aux influences étrangères et la préservation de l'identité culturelle locale.
Le ZIFF, en s’engageant dans un processus de revitalisation, et l’initiative d'Idris Elba pour la construction de nouveaux studios à Zanzibar, illustrent clairement l’émergence d’une nouvelle ère pour l’industrie cinématographique africaine, en particulier dans l'Est de l'Afrique. Si ces projets ont le potentiel de redéfinir le cinéma africain à l'échelle mondiale, il est crucial que cette évolution se fasse dans le respect des histoires et des cultures locales. À travers une coopération réfléchie, le cinéma africain pourrait bientôt prendre sa place sur la scène mondiale, tout en restant fidèle à ses racines et à ses narrateurs.
Les regards sont désormais tournés vers Zanzibar, un carrefour de culture et de créativité, pour voir comment ces ambitions se matérialiseront dans les années à venir.