Culture Lover 2026 : Quand la mémoire devient le scénario du futur
À Abidjan, la relève du 7ᵉ art se forme sous le signe du souvenir et de l’audace
Ce samedi 8 novembre, à l’Institut Français d’Abidjan, la scène ressemblait à une promesse : douze jeunes visages, concentrés, fixaient Philippe Lacôte comme on regarde une étoile guider la nuit. Le réalisateur de La Nuit des Rois, figure incontournable du cinéma ivoirien, venait donner le ton d’une aventure unique la première session de Culture Lover 2026, un programme de formation initié par Ivoire Black History Month (iBHM).
Le thème, « Patrimonialisation du cinéma ivoirien », sonnait comme un manifeste : renouer avec la mémoire, transmettre, et bâtir l’avenir d’un cinéma en quête de sens.

Des ateliers comme des éclats de savoir
De 8h à 17h30, la journée a filé au rythme de cinq ateliers intenses, orchestrés par des formateurs aux profils aussi variés que passionnés.
Sètou Kidabili a ouvert le bal en décodant l’art de l’affiche de film cette première image qui doit frapper l’œil et l’esprit. Puis Eline Arnaud a plongé les participants dans une réflexion sur le branding personnel et l’estime de soi, essentielle pour exister dans un milieu aussi concurrentiel que le cinéma.
Sanou Amadou, critique avisé, a offert un regard analytique sur la lecture des œuvres, tandis que Sonia Zain a rappelé la nécessité d’ancrer chaque scénario dans son identité culturelle. Enfin, Amandine Kassy a levé le voile sur le chaînon souvent négligé du succès : la distribution, ce passage du rêve à la réalité du public.
Entre deux sessions, les débats se sont enflammés. Les intervenants ont croisé leurs visions du cinéma africain, parfois avec vigueur, toujours avec passion.
Les jeunes, eux, observaient, prenaient note, buvaient les mots.
Comme le dit le proverbe : « Quand les éléphants se battent, les fourmis attrapent leur tête. » Ce jour-là, les fourmis apprenaient à devenir éléphants.

Quand l’apprentissage devient héritage
« Les questions étaient franches, parfois même de véritables exposés, mais toujours sincères », confie Siata Traoré, cheffe de projet du programme.
Cette sincérité, c’est le cœur battant de Culture Lover 2026. Derrière chaque question posée à Philippe Lacôte, il y avait une quête : comment filmer la mémoire d’un peuple sans la trahir ? Comment transformer la douleur, la joie, les traditions, en images qui parlent au monde ?
Pour Lacôte, parler du cinéma ivoirien, c’est forcément parler du pays.
De ses blessures, de ses rêves, de sa renaissance. Et cette jeunesse-là, curieuse et lucide, semble prête à relever le flambeau.

Le pari d’une génération
Jusqu’en février prochain, ces apprentis cinéastes suivront un parcours exigeant : ateliers, tournages, projections publiques.
Chacun devra réaliser un court-métrage inspiré du thème – une œuvre qui mêlera mémoire, identité et regard personnel – présentée lors du iBHM 7.
Un défi, certes. Mais un défi qui pourrait bien redéfinir le visage du cinéma ivoirien.
Car si cette première journée en dit long, c’est que le futur du 7ᵉ art ivoirien s’écrit ici, dans ces échanges brûlants, dans ces regards qui croient encore au pouvoir des images.
Et peut-être qu’un jour, l’un de ces douze jeunes se lèvera, caméra à la main, pour prouver que la mémoire n’est pas un fardeau du passé — mais la lumière qui guide l’avenir.
Par Cinelifes Magazine
Sous le regard complice de Culture Lover et iBHM, la mémoire devient le moteur d’un cinéma ivoirien en pleine (re)naissance.




