Une si longue lettre : le cri puissant des femmes africaines à l’écran

Une si longue lettre : le cri puissant des femmes africaines à l’écran
Une si longue lettre : le cri puissant des femmes africaines à l’écran

Lors de son avant-première au Cinéma Majestic CI, Une si longue lettre a bouleversé le public par sa force et sa justesse. Adapté du roman culte de Mariama Bâ, le film signé par la réalisatrice et productrice Angèle Diabang offre à ce chef-d’œuvre littéraire une seconde vie, une lumière nouvelle qui éclaire autant qu’elle émeut.

Porter à l’écran un texte aussi symbolique relevait de l’audace. Mais pour Angèle Diabang, il s’agissait d’une évidence.
« J’ai constaté, il y a plus de dix ans, que les jeunes lisaient de moins en moins, happés par les écrans. Or notre littérature africaine est d’une richesse immense. Adapter ce roman, c’était trouver un moyen de réconcilier la jeunesse avec la lecture », explique-t-elle.

Le film, d’une durée de 1h40, va au-delà de l’adaptation : il redonne chair et souffle aux mots de Mariama Bâ, tout en inscrivant le récit dans une esthétique visuelle puissante. Le deuil, la solitude, l’amour et la condition féminine y trouvent une résonance universelle.

Le public a salué la justesse des comédiens, guidés avec une précision remarquable. « Les acteurs ont été très bien conduits, chaque mot sonnait juste », confie un spectateur. Le choix d’alterner entre wolof et français vient renforcer cette authenticité, ouvrant le film à une dimension à la fois locale et internationale.

La journaliste et auteure Anzata Ouattara parle même d’un chef-d’œuvre : « J’ai adoré. Le film nous fait passer par toutes les émotions. On se reconnaît dans cette histoire, parce que c’est notre quotidien. La polygamie, les épreuves des femmes, c’est ce que nous vivons encore. »

Angèle Diabang ne cache pas ses ambitions : toucher le public africain, mais aussi le monde entier. Des versions anglaises et françaises existent déjà, bientôt suivies par des traductions en espagnol et en portugais. Aux États-Unis, l’œuvre est même étudiée dans les universités.

Mais au-delà de la diffusion, le message est clair : « Si un homme voit le film et se dit : ma sœur est en train de laver le linge depuis ce matin, je vais l’aider… alors c’est déjà un pas. »

Un geste simple, mais porteur d’un immense changement dans le regard posé sur la femme.

Derrière la réussite de ce projet se cache un parcours semé d’embûches. La cinéaste se définit elle-même par un mot : Persévérante.
« Si je n’avais pas persévéré, j’aurais abandonné », confie-t-elle avec émotion.

Aujourd’hui, devant une salle comble et un public conquis, son acharnement prend tout son sens. Son mot de fin, plein de gratitude, sonne comme un appel :« Relisez le livre. »