Cannes 2025 : Quand Cannes devient le ring du cinéma ivoirien

Cannes 2025 : Quand Cannes devient le ring du cinéma ivoirien

Le Festival de Cannes, vitrine incontournable du cinéma mondial, a été cette année le théâtre d’un débat houleux entre deux figures de l’audiovisuel ivoirien : l’acteur-réalisateur Missa Ndry et le producteur-réalisateur Jean-Noël Bah. En toile de fond, une question sensible : qui doit représenter la Côte d’Ivoire à Cannes ?

Tout part d’une lettre ouverte adressée à la Ministre de la Culture et de la Francophonie, dans laquelle Missa salue les efforts engagés pour promouvoir le cinéma ivoirien, tout en critiquant la composition de la délégation envoyée à Cannes. Selon lui, envoyer des producteurs de séries télévisées à un événement dédié principalement au cinéma est une erreur stratégique. Il cite en exemple sa propre expérience : en 2023, sans financement public mais avec une forte détermination, un realistaur ivoirien a participé au festival et obtenu une coproduction Côte d’Ivoire–États-Unis. Une réussite qu’il oppose à l’absence de résultats concrets des précédentes délégations.

« Il est temps d’investir dans des porteurs de projets solides. Construire sur du sable, c’est bâtir un château sans avenir », écrit-il dans sa lettre, appelant à une sélection plus rigoureuse des délégués.

La réaction de Jean-Noël Bah ne s’est pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, le producteur a exprimé sa « consternation » face à ce qu’il considère comme des attaques injustifiées.

« C’est la première fois que je bénéficie d’une prise en charge officielle à Cannes. Les années précédentes, j’y suis allé à mes frais. Je n’ai pas besoin de Cannes pour exister », affirme-t-il.

Jean-Noël Bah défend également le choix stratégique de commencer sa carrière par les séries, soulignant les compétences multiples qu’exige ce format : rigueur, narration complexe, gestion de production. Il cite plusieurs séries devenues des tremplins vers le cinéma, comme Bref, Platane ou En Thérapie.

Mais Missa ne décolère pas. Dans une nouvelle publication, il insiste sur le fait que sa critique visait le système, et non une personne en particulier. Il maintient que seules les figures ayant prouvé leur valeur dans le domaine du cinéma devraient bénéficier du soutien officiel pour des événements comme Cannes.

« Le jour où vous réaliserez un film, vous serez considéré comme un cinéaste. Pour l’instant, chacun doit évoluer dans son domaine. »

Le débat, qui divise une partie de la profession, soulève une problématique plus large : celle de la représentation culturelle à l’international, et du choix des ambassadeurs artistiques dans les grands festivals mondiaux.

Alors que des noms comme Charles Landry Agbadou, Salyf Koné, Kadhy Touré ou Jean-Marie Guéassémahésont cités comme des références du cinéma ivoirien en pleine ascension, la polémique relance le débat sur les critères de sélection et la transparence dans les soutiens publics.

En attendant, le cinéma ivoirien continue de se chercher une voix claire sur la scène internationale. Et ce dialogue tendu, bien qu’inconfortable, pourrait bien être une étape nécessaire vers une meilleure structuration du secteur.